Historique Descriptif historique de la musique bretonne

Historique

Descriptif historique de la musique bretonne

Musique tradi

Musique tradi

mardi 24 septembre 2019 à 20h13

 

La musique de Bretagne est intimement liée à l'histoire et au développement économique de la péninsule. Sa spécialité, l'association biniou-bombarde, va durer un siècle ; c'est la musique d'une société rurale aujourd'hui disparue en Europe (entre le XVIIIème et XIXème siècle). La musique pré-chrétienne ressemblait étrangement à celle d'aujourd'hui, possédant des caractéristiques celtiques intrinsèques tant dans la musicalité, son instrumentation que dans son répertoire. Du Moyen Âge, il reste des complaintes comme la gwerz Skolvan. Aux Vème et VIème siècles, les vagues d'émigration en Armorique donnent naissance aux mélanges linguistiques et culturels.


La musique servait l’état et la religion. Les bardes distrayaient les cours des princes gallois et bretons. Gwenc'hlan est le plus connu des bardes bretons légendaires. Leurs sonnioù tragiques, leurs gwerzioù primesautières, collectées en Bretagne, leurs chants nés ailleurs font la joie des puissants seigneurs. Les harpes enjolivent les voix. À la cour du roi Gradlon, les musiciens pratiquent la cithara (sorte de luth), la lyra, la tybia (flûte) et le tympana (tambour). Avec le duc Jean IV la musique prend la forme de nationalisme qui devait éviter un rattachement soit à la France, soit à la Grande-Bretagne. Jusqu'au XXème siècle, les prêtres en Bretagne interdiront de jouer de la cornemuse (l'instrument du diable) aux alentours des églises. Les chants religieux en Bretagne augmentèrent l’étendue du savoir paysan, paysans qui se réappropriaient les sonorités de la cour et adaptaient les thèmes à leur quotidien. Les nobles quant à eux délaissèrent progressivement, durant le Moyen Âge, une partie de ce patrimoine, s’ouvrant aux troubadours et aux différentes entités politiques de l’époque. Deux instruments se révèlent emblématiques de l'époque brittonique : le crwth (en gallois), lyre à quatre cordes augmentées de deux cordes bourdons et la harpe (telenn en breton) pratiquée à la cour des ducs jusque vers la fin de l'indépendance au XVème siècle.

Les instruments représentatifs ne sont pourtant pas "autochtones" : la harpe est originaire vraisemblablement de Mésopotamie, la cornemuse serait partie de Chine par la Route de la soie, se développant ainsi dans le bassin méditerranéen et que les populations celtiques ont emprunté à leurs ennemis conquérants romains ! La bombarde, identique au principe des flûtes turques (zurna...), fut importée du Moyen-Orient au temps des croisades. Mais c'est dans l'adaptation de ces emprunts que les bretons vont révéler leur sensibilité propre.


Barzaz Breiz

La Révolution améliore les conditions de vie et permet l'avènement des très officiels arts populaires. La musique, la danse vont en bénéficier. À l'inverse, la culture et la langue bretonnes commencent à décliner progressivement et refluer vers l’Ouest. Au siècle suivant, le chemin de fer traverse la Bretagne et les usines s'installent le long les voies ferrées. Villes et campagnes connaissent un essor économique. Devant l'avènement de l'ère industrielle, un courant intellectuel d'opposition émerge et répertorie un patrimoine qui disparaissait doucement. À la suite de Joseph Mahé (en 1825), puis de Théodore Hersart de La Villemarqué (Barzaz Breiz, 1839), de nombreux collecteurs publièrent leurs ouvrages de collectages, jusqu'au début du XXème siècle avec Maurice Duhamel. La poésie celtique lance la vague romantique qui entraînera le réveil des nationalités. Au XVIIème siècle, les sonneurs commencent à participer aux fêtes publiques et les premières fêtes folkloriques apparaissent au XIXème siècle. La plupart des airs considérés comme traditionnels ont été écrits durant ce siècle.

L'ancien hautbois devenu bombarde va bientôt s'unir à la cornemuse, inspirée de la veuze de Loire-Atlantique. Les dessins d'Olivier Perrin inspirent les luthiers. Pardons et fêtes profanes sont prétextes à l'invention de mille mélodies : pour les mariages, les battages, l'holocauste du cochon ou les baptêmes, ils "sonnent" un répertoire varié qui diffère d'un pays à l'autre. Cela va durer à peu près un siècle, au bout duquel, en quête de modernité, les bretons vont peu à peu délaisser bombardes et binious pour l'accordéon, la clarinette ou le saxophone. Dans la Bretagne gallèse, la veuze (proche de la gaïta) est pratiquée dans le pays nantais (association sonneurs de veuzes), le violon se répand autour de Rennes, Broons, Merdrignac, Dinan, la vielle à roue dans le Penthièvre et la clarinette autour de Rostrenen, Glomel et le pays de Vitré. Vers 1900, un mouvement revivaliste et régionaliste amène l'organisation de concours et rencontres musicales. En 1895, 42 « couples biniou kozh-bombarde » sont réunis à Brest.



Arrivée à son apogée, la musique bretonne sera en déclin après la Première Guerre mondiale. La société bretonne désorganisée abandonne progressivement sa culture pour adopter celle de la République. Un mouvement d'artistes appelé Seiz Breur incitera au renouvellement de l'expression artistique bretonne. Après la Seconde Guerre mondiale, les effets destructeurs sur la musique et les langues bretonnes sont accentués. Le colportage des chansons bretonnes peut se faire par les femmes, mais la musique bretonne, jouée exclusivement par les hommes et transmise oralement, a subi d'irrémédiables pertes. Dans un contexte tendu, le nationalisme breton, assimilé à la collaboration, à l’autonomisme et à l'indépendantisme, est condamné par l'opinion.


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