C'est à l'approche d'un hiver peut-être rigoureux que Raphaël nous a gentiment ouvert les portes de sa maison. Jardinier confirmé en permaculture, qu'il exerce comme loisir, Raphaël explique avec la passion qui l’anime, le sens de sa démarche. Alors pour quelle raison rédiger un article printanier en pleine hiver me direz- vous ? Tout simplement parce que la fourmi a travaillé tout l'été et se retrouva loin d’être dépourvue l'hiver venu !
A l'aube d'un hiver confiné, nous avons pu le démasquer rapidement ! Pots de Confiture, bocaux de légumes s'empilent dans son garde manger. Raphaël a appris des saisons et de l'autonomie. Loin des étals des hypermarchés bien achalandés, aux tomates calibrées et d'un rouge charté, il nous explique que la santé commence par une alimentation naturelle, contrôlée et qui n'exige pas de fraises en décembre !
Quel est votre définition de la permaculture ?
La permaculture est une manière de vivre, un fonctionnement, un équilibre naturel où la biodiversité est respectée et aussi l'interaction entre les plantes elles mêmes. La nature n'a pas choisi de faire pousser ses plantes de manière alignée, la nature n'a pas choisi de retirer les herbes qui pousseraient à coté d'un pied de tomate ! La nature n'a pas besoin de pesticides ou d'OGM, il faut juste savoir ce que l'on souhaite consommer.
La permaculture est pour moi une manière d'assurer mon autonomie alimentaire en légumes, je produit environ 200 kilogrammes annuels. C' est avant tout le goût qu'il faut prendre en compte, nous avons perdu cette notion à force de consommer des fruits et légumes issus de l'agriculture intensive.
Cette notion de goût est importante, la certitude de consommer un produit sain l'est tout autant !
Quelle est la différence entre une agriculture bio et la permaculture ?
L'agriculture dite biologique est sensée ne pas utiliser de pesticides mais selon la provenance des produits cultivés, les normes n’étant pas les mêmes d'un pays à l'autre, la labellisation bio me semble un peu flou et encore perfectible .
Tout cela est devenu du marketing vert pour répondre à une demande commerciale.
Alors que la permaculture est un équilibre entre le respect de la terre et des besoins vitaux de l'homme. Il faut aussi comprendre la biodiversité, l'interaction entre les plantations, les fleurs, les insectes, la pollinisation, les engrais naturels
exemples d'interactions entre les plantes, insectes :
les capucines attirent les pucerons, les œillets d’inde repoussent les nématodes (idéal à associer avec vos tomates)
Pouvez vous nous citer les grandes étapes liées aux saisons ?
HIVER
La période des semis débute en février, principalement sous serre,
à partir du mois de mars, je peux commencer à planter (des épinards, petit pois, laitues, radis, semis de tomates /poivrons en intérieur)
PRINTEMPS betteraves, poireaux, pommes de terre, navets, à partir du mois de mai les courges, haricots, concombres , courgettes ... fleurs, capucines, pavots, bourrache, calendula ...
ETE ….continuer de semer des haricots pour étaler votre récolte, chou chinois , fin du mois d’aout les semis d’oignons, la mâche, les épinards d’hiver ...
AUTOMNE …. plantation de l’ail blanc sur butte, épinards , persil ..
Quels conseils pourriez vous donner pour débuter en permaculture ?
Il me semble bon de commencer par une phase test ! Une simple surface de 3m² peut être plus simple pour débuter. Commencer petit est essentiel pour ne pas se décourager, il est aussi idéal d’avoir son potager très proche de sa maison cela encourage pour y aller plus souvent.
Quelle serait la liste de légumes que vous pourriez conseiller ?
Sur une surface de 3m², je préconiserais des légumes tels que :
- Haricots verts (sur une palissade)
- Radis
- Épinards
- Laitues
- Pour de la plante aromatique
- Calendula fleurs
- Souci ou capucine / œillet dinde / un plant de courges, quelque navets et un plant de blettes
- De nombreuses plantes ont besoin d’êtres pollinisées par les abeilles, bourdons .
- Planter des fleurs dans son potager permet donc d’avoir une meilleure pollinisation,
Sur Instagram vous êtes aujourd’hui suivi par 11 000 personnes, comment vous expliquez un tel enthousiasme alors que vous ne vendez aucune de vos récoltes ?
La permaculture est aussi pour moi une expression, transmettre un savoir oublié.
Nos grands parents avaient pour la plupart cette culture car elle faisait partie d'un mode de vie.
Les gens cultivaient à la belle saison pour préparer les rudes mois d'hiver.
Cette connaissance n'était pas forcement un loisir mais un moyen de subsistance.
Aujourd’hui la tendance se confirme, la curiosité revient, chacun a envie de cueillir une tomate et quelques feuilles de basilic de son potager ; de se créer une assiette simple et fraîche !
L'envie de partager un repas de son potager, de le montrer, cela relève aujourd’hui plus d'un art de vivre.
Il est temps aussi de se réapproprier un savoir perdu, de revenir à des fondamentaux plus naturels . Refuser d'acheter des fraises à Noël est déjà un premier pas.
Pour contacter Raphael sur Instagram Jardinbiobz
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